Une carte d’identité
L’activité de baguage consiste à placer une bague, munie d’un code d’identification individuel, autour de la patte d’un oiseau. Ce marquage est toujours complété par la réalisation d’une fiche d’identité sur laquelle sont consignés les principaux caractères morphologiques et biologiques de l’oiseau, tels que le nom de l’espèce, l’âge ou le poids. Depuis le début du XXème siècle, ce sont près de 7 millions d’oiseaux qui ont été bagués en France. Actuellement, quelques 350 bagueurs bénévoles et professionnels participent à un réseau national coordonné par le Centre de Recherche sur la Biologie des Populations d’Oiseaux (CRBPO) au sein du Muséum National d’Histoire Naturelle.
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Prise de notes lors d'un baguage © Frédéric Maillot
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Balise Argos sur un jeune milan royal © Jean-Philippe Paul
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Des bagues et des bagueurs
Le baguage nécessite des précautions particulières et la manipulation d’un oiseau, petit ou gros, est une opération délicate. Les oiseaux sont en général capturés à l’aide de filets japonais pour être ensuite bagués. Les oiseaux sauvages, sensibles au stress, sont relâchés le plus rapidement possible après leur capture. Dans tous les cas, la pose de bague est réalisée par des personnes qualifiées et expérimentées.
Il est à noter que certains programmes spécifiques de recherche utilisent d’autres techniques de reconnaissance individuelle des oiseaux en plus de la bague en aluminium. Les marquages colorés de certaines parties du corps de l’oiseau ou la pose d’un jeu de bagues en plastique coloré permettent de reconnaître l’oiseau à distance et d’éviter ainsi une recapture inutile. Cette technique est rendue possible par l’augmentation du nombre d’ornithologues de terrain. Afin de les suivre sur une longue distance, par exemple lors de leurs migrations, certains oiseaux sont même équipés d’émetteurs radio ou satellite, des balises Argos.
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Mieux connaître la biologie
Les informations issues du baguage proviennent d’une part, de la capture, et d’autre part, de la découverte d’une bague sur un oiseau vivant (contrôle) ou mort (reprise). Ces données servent à mieux connaître la biologie des oiseaux et notamment dans les domaines de la taxonomie, de la physiologie et du comportement. Ainsi, de nombreuses études portant sur la biologie des oiseaux utilisent le baguage.
Parfois, cette pratique est à l’origine de la découverte de nouvelles espèces pour la science. Par l’analyse des mues, on a également montré l’évolution de la qualité du plumage au cours des saisons et la nécessité de son renouvellement. A l’occasion des captures, les mesures de poids ont fourni des informations sur la capacité d’engraissement et sur la consommation d’énergie des oiseaux pour le vol migratoire. Enfin, le baguage de familles entières d’oiseaux a démontré que les directions de vols migratoires sont transmises génétiquement.
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Mesure, pesage, et baguage d'hirondelle rustique
© Jean-Marc Gérard
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Quelques exemples de lectures de bagues
chez des hirondelles
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Les déplacements, les migrations
A son origine, le baguage à des fins scientifiques a eu pour objectif l’étude des déplacements des oiseaux et en particulier de la migration. Même si de nos jours beaucoup de doutes subsistent sur ce phénomène, c’est grâce au baguage qu’on a pu connaître la nature et la rapidité des déplacements d’un grand nombre d’espèces. La chronologie des migrations a été affinée et la fidélité des oiseaux à leurs sites de reproduction et d’hivernage a pu être mise en évidence.
Le baguage a ainsi confirmé des hypothèses émises grâce aux observations de terrain. Aujourd’hui, le suivi télémétrique des oiseaux permet d’aller plus loin dans les études sur les déplacements, tant au niveau local (pour des études de dispersion des jeunes oiseaux par exemple), qu’au niveau international.
En effet, la position géographique de notre pays en fait un lieu où se croisent à la fois des oiseaux nicheurs, hivernants, mais aussi de passage entre leur lieu de nidification dans le nord de l’Europe et leur quartier d’hiver en Afrique. C’est ainsi qu’une fauvette à tête noire baguée en Espagne a été contrôlée dernièrement sur la Réserve du Sabot de Frotey où elle nichait. On peut également signaler le contrôle, au Zaïre, d’une hirondelle baguée en Franche-Comté.
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Le suivi des populations
Les principales orientations de recherche sur les oiseaux, réalisées à l’aide du baguage, sont données par le Muséum d’Histoire Naturelle. En plus de ces directives, il est possible à chaque bagueur de mener des programmes personnels portant sur une espèce ou un groupe d’espèces en particulier. C’est ainsi que les oiseaux à fort enjeu de conservation, tels que les cigognes ou encore les vautours, sont bagués à l’occasion de programmes spécifiques.
Mais les oiseaux de tous les jours ne sont pas pour autant délaissés par les bagueurs et parmi les orientations du Muséum, le Suivi Temporel des Oiseaux Communs par le baguage (STOC-capture), suscite un grand engouement. Il s’agit d’évaluer les variations des effectifs et la structure des populations d’oiseaux nicheurs courants tels que les pinsons ou les mésanges. Ce programme participe à l’estimation de la qualité de notre environnement. Ce sont ainsi près d’une centaine de sites de baguage qui participent au STOC-capture.
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Le suivi des moineau de la Citadelle, une
opération de baguage intitiée en 2006
© Frédéric Maillot
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Le baguage en Franche-Comté
En Franche-Comté, l’activité de baguage bénévole est essentiellement concentrée sur le STOC-capture depuis 1989. Les sites de Vieilley, Brussey, Blye, ainsi que les réserves naturelles du Sabot de Frotey et de l’Ile du Girard accueillent chaque année des filets sous la direction de Pierre Piotte, délégué régional du baguage en Franche-Comté. Ces cinq sites comportent la particularité d’être relativement stables écologiquement, condition indispensable pour pouvoir comparer l’évolution des populations nicheuses sur plusieurs années.
Depuis 2000, un programme européen de baguage des hirondelles rustiques est suivi en France. Il s’agit de déterminer les modalités de reproduction et de migration de cette espèce afin de mieux comprendre les causes de son déclin sur notre continent. La plupart des oiseaux sont bagués sur des dortoirs qui peuvent rassembler jusqu’à 10 000 individus en roselière. Ainsi en Franche-Comté, le nombre d’hirondelles baguées par an peut dépasser les 400 oiseaux. On peut également citer le baguage des trois espèces de busards ainsi que celui des grands oiseaux blessés puis relâchés après les soins par le centre ATHENAS.
Cette activité scientifique ne serait bien sûr rien sans l’appui indispensable de tous les bénévoles qui ont su apporter leur aide pour la connaissance et la protection des oiseaux.
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Vous avez trouvé un oiseau bagué ?
En vous promenant dans la nature ou tout simplement dans votre jardin, il est possible de trouver un oiseau bagué, qu’il soit vivant ou mort. Si celui-ci est mort, il vous suffit d’envoyer à la LPO FC (7 rue Voirin, 25000 Besançon), la bague aluminium aplatie avec un courrier contenant les informations suivantes : libellé intégral de la bague, date, commune et département de la découverte, nom de l’espèce présumée et circonstances de la reprise. Il est nécessaire de joindre vos coordonnées postales pour recevoir en retour les informations sur l’oiseau en question.
Si l’oiseau est vivant, et que les informations contenues sur la bague sont lisibles, envoyez-les par courrier à la LPO FC avec les éléments mentionnées ci-dessus. Si l’oiseau est blessé et non relâchable, envoyez ce même courrier et contactez le centre de soin ATHENAS (03.84.24.66.05) qui prendra en charge l’oiseau.
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Bagues © Guillaume Petitjean
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Liens
- Site du Muséum sur le Stoc-EPC : www.mnhn.fr/vigie-nature
- Site du Muséum sur le baguage : www.mnhn.fr/mnhn/crbpo
Contact : Pierre Piotte (pierre.piotte@laposte.net).
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